25. juin, 2022

Témoignages

J'en avais évoqué la possibilité, et bien voici des témoins du passé qui apportent leur pierre à l'édifice pour donner de l'éclairage au récit de Madeleine Weil-Lestienne.

J'ai eu le plaisir d'échanger avec plusieurs personnes qui ont apprécié ces souvenirs et m'ont fait connaître les leurs.

Je vous livre celui de Paule Jouvain, fille de l'instituteur de St Etienne-de-Chomeil au moment où Lucien, Madeleine et Lisbeth s'y sont réfugié :

"Mon père, instituteur et secrétaire de mairie, avait pu procurer à la famille des bons de différentes sortes et aidé à cacher Lucien dans les bois lors d'un passage des troupes allemandes près du bourg (on craignait que la famille ait été "vendue"). Je sais que Lucien avait un orteil coupé ou blessé et que les hommes du village l'avaient transporté. Nous, les enfants de l'école avions été emmenés par ma mère, institutrice, en promenade impromptue dans les prés, dans la direction opposée, au cas où l'un d'entre nous "vendrait la mèche". Je ne me souviens pas (peut-être ne l'ai-je jamais su, si Madame Weil et Lisbeth avaient suivi le bizarre convoi). Ce fut une fausse alerte.

Pour remercier mon père et ma mère Lucien Weil fit un portrait de ma sœur et un de moi (on a pas pu convaincre mon frère de rester assis assez longtemps !). Et ils sont remarquables par le fait qu'ils montrent parfaitement la personnalité contrastée des deux sœurs. Marie-Claire, le visage ouvert, clair, le sourire spontané sur fond de ciel bleu et moi, Paule, rêveuse, sur fond sombre, perdue dans les contes que me lisait Madame Weil alors que Monsieur Weil peignait. Lisbeth était derrière elle et écoutait aussi mais elle était tenue éloignée des enfants du village, par précaution sans doute. Ce portrait est parmi mes plus précieuses possessions. (...)

(...) Les souvenirs de Mme Weil et de sa petite enfance sont évocateurs de la vie en province telle que je l'ai connue (en plus rustique !). Les souvenirs de la vie d'artiste son fascinants et ceux de l'exode émouvants bien que retenus et sans pathos. Le texte de Monsieur Weil sur le bourg de St Etienne m'a particulièrement émue : il est parfaitement évocateur d'un moment, en particulier des sons de ce moment (Ah ! les cloches de la vieille église au matin !).

J'ai été surprise, amusée et émue par les "articles" de la feuille écrite par les prisonniers de guerre - l'humour qui, pour un instant, sauve et triomphe ; j'en riais avec les larmes aux yeux. (...)"

Je vous laisse imaginer mon émotion en lisant ces lignes ! Je remercie chaleureusement cette charmante dame d'avoir partagé ses souvenirs d'enfant ayant croisé la route de mes grands-parents au cours de cette période troublée.

Vous pouvez à présent admirer ce joli portrait.